Philosophie

La dignité humaine est au cœur des droits de l’homme. Elle est indépendante du sexe, de la croyance, de l’ethnie, de la nationalité et de toutes sortes d’autres critères et attributions. C’est pourquoi chaque personne dans le monde mérite de vivre dignement.

La migration est une conséquence du système économique mondial et de la politique des grandes puissances. Celui-ci détruit dans certains pays les structures économiques et sociales traditionnelles et conduit à une politique de violations systématiques des droits de l’homme. La migration est la seule chance de survie pour de nombreuses personnes. Mais déjà avant et à la frontière de l’Europe, elles se heurtent à un mur – des clôtures de barbelés entre le Maroc et les enclaves espagnoles, des soldats qui tirent sur les réfugiés, et la Méditerranée, qui entre-temps mériterait plutôt le nom de « mer morte ». Si elles parviennent malgré tout à entrer en Suisse, elles se heurtent à un mur de mesures d’exclusion.

Les droits de l’homme sont des droits fondamentaux qui appartiennent à chaque individu. Alors que la jouissance de leurs droits va de soi pour les citoyen-ne-s suisses, les migrant-e-s doivent souvent se battre pour obtenir les droits qui leur reviennent de par leur humanité. En effet, les droits de l’homme, qui ont fait l’objet d’un consensus relativement important au sein de la communauté internationale au cours des dernières décennies – ce qui se reflète dans la ratification de diverses conventions sur les droits de l’homme – sont souvent en contradiction avec la souveraineté nationale. Si, selon les traités internationaux, les droits de l’homme sont indivisibles, intouchables et inaliénables, les Etats sont tout à fait habilités, en vertu du principe de souveraineté, à répartir les personnes sur leur territoire en différentes classes : Les Suisses et les étrangèr-e-s, les citoyen-n-e-s de l’UE et les ressortissant-e-s de pays tiers, les travailleurs et travailleuses migrant-e-s et les réfugié-e-s, les étrangèr-e-s avec un permis d’établissement ou un statut de séjour, les personnes avec un permis de séjour provisoire et les sans-papiers. Il en résulte un système de hiérarchie qui s’accompagne automatiquement d’une perte de droits pour les différentes catégories : ainsi, seuls les Suisses-ses peuvent participer aux votations (même si les votations portent sur des lois concernant les étrangè-r-e-s), les citoyen-n-e-s de l’UE ont la priorité sur le marché du travail par rapport aux autres ressortissant-e-s (à l’exception des Suisses-ses), les réfugié-e-s reconnu-e-s reçoivent dans la plupart des cantons plus d’aide sociale que les personnes admises à titre provisoire. Les sans-papiers sont ceux qui ont le plus de difficultés et dont les droits sont le plus gravement restreints. Pour eux en particulier, comme pour les autres (sous-)groupes vulnérables, les droits de l’homme revêtent une importance particulière. Il leur garantissent au moins une protection minimale – ne pas mourir de faim, avoir un toit, recevoir des soins médicaux. Malgré cette protection, il leur est extrêmement difficile de se débrouiller. Ainsi, plusieurs rapports soulignent la situation précaire des demandeurs et demandeuses d’asile débouté-e-s dans les centres de retour. En outre, il existe parfois des obstacles (juridiques et financiers) importants lorsqu’il s’agit de pouvoir revendiquer ces droits fondamentaux.

Les droits de l’homme ne sont pas liés au statut de séjour, mais s’appliquent partout à tous les êtres humains. Le réseau de solidarité de Berne s’engage pour que les personnes en situation irrégulière puissent faire valoir leurs droits.